Infos climat Un épisode de chaleur inédit du 3 au 11 septembre 2023.

Infoclimat / bernardt60

Un épisode de chaleur inédit du 3 au 11 septembre 2023

13/09/2023

La France a connu du 3 au 11 septembre 2023 une période tardive de fortes chaleurs. Cet épisode a concerné la quasi-totalité des régions, du Sud-Ouest au Centre et à l’Île-de-France, puis le Nord, l’Ouest et enfin le nord-est du pays. Plusieurs régions comme l’Île-de-France ou la Bretagne ont connu lors de cet épisode des températures plus élevées que celles mesurées durant l’été 2023.

Comment qualifier cet épisode de chaleur ?

  • il est inédit par le niveau des températures relevées dans de nombreuses régions ;
  • il est exceptionnel par sa durée : du 3 au 11 septembre soit 9 jours à l’échelle de la France, l’indicateur thermique national dépassant de +4 à +6 degrés la normale saisonnière 1991-2020 ;
  • d’une étendue géographique quasi généralisée.

Cet épisode de septembre est-il une vague de chaleur ?

Cet épisode de chaleur tardif, avec des températures moyennes durablement plus de 
4 °C au-dessus des normales à l’échelle nationale, n’a néanmoins pas présenté les caractéristiques d’une vague de chaleur à l’échelle du pays. Les seuils statistiques et climatologiques définis pour la détection des vagues de chaleur sur une saison estivale (période du 1er juin au 30 septembre) ont été approchés mais non atteints. 
Contrairement à fin août 2023, la Provence – Alpes – Côte d’Azur, le Languedoc-Roussillon et la Corse ont notamment été épargnées par les très fortes chaleurs, avec des températures « seulement » 3 à 4 °C au-dessus des valeurs saisonnières.

En revanche, les régions d’un large quart nord-ouest du pays ont connu une vague de chaleur avec des températures moyennes 6 à 9 °C au-dessus des normales pendant 7 à 9 jours : l’Île-de-France (du 3 au 10/09), le Centre-Val de Loire (du 3 au 11/09), les Pays-de-la-Loire (du 3 au 10/09), la Normandie (du 3 au 10/09), la Bretagne (du 3 au 10/09) et les Hauts de France (du 3 au 10/09). 

Ces vagues de chaleur à l’échelle régionale sont inédites pour un mois de septembre en Île-de-France, Centre--Val-de-Loire, Pays-de-la-Loire et Normandie. La Bretagne avait déjà connu des vagues de chaleur en septembre en 2016 et 2021 mais beaucoup plus courtes (3 jours) et moins intenses. Les Hauts de France avait également connu une vague de chaleur en septembre 2016.

La France a-t-elle déjà connu des épisodes de chaleur comparables en septembre ?

La France connaît régulièrement des pics de chaleur en septembre comme très récemment du 4 au 6 et du 12 au 14 septembre 2022, du 13 au 16 septembre 2020 ou du 11 au 13 septembre 2016. Du 4 au 6 septembre 1949, un épisode de chaleur intense avait également envahi le pays avec des températures souvent proches de 35 °C sur la moitié sud. Mais les épisodes de fortes chaleurs pendant plus de 5 jours restent rares en septembre.

Un épisode de chaleur exceptionnel à l’échelle de la France s’était déroulé du 12 au 22 septembre 1987 avec des températures moyennes 4 à 6 °C au-dessus des normales saisonnières. Lors de cet épisode, le mercure avait notamment grimpé jusqu’à 36,8 °C à Clermont-Ferrand (63). Cet épisode avait été plus tardif que l’épisode de 2023, mais avec des températures moins intenses.

Une Vigilance météorologie canicule orange a été déclenchée pour la première fois au cours du mois de septembre en France. Elle a concerné 14 départements du Centre et du Bassin parisien.

L’épisode du 3 au 11 septembre 2023 est remarquable par sa durée avec des valeurs anormalement élevées de températures relevées sur une grande partie du pays et de très nombreux records battus pour un mois de septembre. La plupart des régions ont été concernées à l’exception de la Corse, du Languedoc-Roussillon, de la région Provence – Alpes – Côte d’Azur et du Sud-Ouest. 

Cet épisode de chaleur est-il exceptionnel ?

Du 4 au 10 septembre 2023, les températures maximales dépassant 30 °C ont été extrêmement fréquentes et réparties sur une grande partie du pays. 
En s’intéressant aux dépassements du seuil des 30 °C en septembre depuis 1947 pour les 30 villes de l’indicateur thermique national, on dénombre :

  • 160 occurrences en septembre 2020 et 2016 (caractère exceptionnel) ; 
  • plus de 120 occurrences en septembre 1947 et 1961 (ces mois se classent respectivement au 1er et 2nd rang des mois de septembre les plus chauds depuis 1900 avec une température moyenne de 20,3 °C et 19,9 °C, respectivement + 2,7 °C et + 2,4 °C au-dessus des normales ;
  • 218 occurrences du 1er au 11 septembre 2023, un record depuis 1947. Cela caractérise à nouveau l’intensité de cet épisode de chaleur.

L’épisode de chaleur tardive sur la France du 3 au 12 septembre est marquant à l’échelle du pays pour le niveau des températures en fin de période estivale. Sur la moitié nord du pays, il présente un caractère exceptionnel par son intensité et sa durée.

Quel lien avec le changement climatique ?

Sous l’effet du changement climatique, les épisodes de chaleur seront plus fréquents et plus intenses. Ils seront également plus précoces et plus tardifs. Le réchauffement climatique joue un rôle amplificateur et favorise une extension des vagues de chaleur au-delà de la saison estivale. La vague de chaleur de juin 2022 (du 15 au 19 juin) est un marqueur de cette précocité puisque la France n’avait jamais enregistré une vague de chaleur aussi tôt dans la saison (depuis le début des mesures en 1947). Le caractère tardif de cet épisode est lui aussi une illustration concrète de cette extension de la saison des vagues de chaleur.

La fréquence des vagues de chaleur devrait doubler d’ici à 2050. En fin de siècle, ces épisodes pourraient être non seulement bien plus fréquents qu’aujourd’hui mais aussi beaucoup plus sévères et plus longs, avec une période d’occurrence étendue de la fin mai au début du mois d’octobre. Le contrôle des émissions de gaz à effet de serre sera déterminant pour leur stabilisation dans la seconde moitié du XXIe siècle. Cet épisode de chaleur tardif en septembre 2023 s'inscrit dans l’évolution attendue (et déjà visible) des vagues de chaleur avec le changement climatique : des épisodes plus intenses, plus fréquents, et susceptibles de se produire de façon plus précoce ou au contraire plus tardive dans l’année.