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Il y a 20 ans, la canicule 2003

10/08/2023

Il y a 20 ans, la France était frappée d’un été inédit dans l’histoire de notre climat. La canicule de 2003 reste à ce jour la plus sévère jamais enregistrée en France.
Où en est-on 20 ans après ? La canicule de 2003, dont la survenue était improbable il y a 20 ans, aurait-elle plus de risque de se produire dans le climat actuel ? Qu’en sera-t-il dans 20 ans ?

Cet événement hors norme a fait prendre conscience que les fortes chaleurs peuvent avoir des conséquences sanitaires importantes et de l’impact du changement climatique en cours. Suite à cet été 2003, la Vigilance canicule a été instaurée. 

La canicule de 2003 : un épisode historique au cœur d’un été record

La canicule de 2003 reste identifiée comme la vague de chaleur la plus forte qu’a connu la France métropolitaine depuis le début des mesures (1947). Elle est survenue dans un été lui-même exceptionnel : l’été 2003 est encore aujourd’hui l’été le plus chaud qu’a connu la France, devant l’été 2022.

  • L’été 2003 reste aujourd’hui l’été le plus chaud jamais observé depuis 1947.
  • La journée du 5 août 2003 est la 2e journée la plus chaude jamais relevée à l’échelle de la France depuis 1947.

Dès juin 2003, une vague de chaleur s’abat sur le sud du pays. En juillet, un second épisode touche la métropole. Début août, le mercure grimpe à nouveau pour atteindre des niveaux de chaleur jamais atteints, sur tout le pays et sur une grande partie de l'Europe Occidentale.

La vague de chaleur d’août 2003 a été exceptionnelle par sa durée (deux semaines) entre le 2 août et le 17 août, son intensité et son extension géographique, parmi les 46 vagues de chaleur identifiées entre 1947 et 2023.

Vague de chaleur ou canicule ?

  • On parle de vague de chaleur quand la température moyenne à l’échelle nationale dépasse au moins pendant 3 journées consécutives 23,4 °C en atteignant au moins 25,3 °C pendant 1 jour. Cette température moyenne, calculée à partir de 30 stations de référence, et moyennant les températures minimales et maximales, est appelée l’indicateur thermique national.
  • Le terme canicule désigne un épisode de températures restant particulièrement élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée (au moins 3 jours). Pour les identifier, des seuils de température et de durée qui varient selon les départements ont été établis.

Un certain nombre de stations de notre réseau de mesure n’ont pas connu depuis de niveaux de chaleurs équivalents.

La canicule de 2003 : une situation de blocage anticyclonique

Il s’agit d’une situation météorologique classique pour un été avec de hautes pressions sur l’Europe de l’Ouest, formant un obstacle au passage des perturbations orageuses. Les météorologistes qualifient ces situations de « phénomène de blocage ». 

L’air très chaud et sec, emprisonné sous un dôme de chaleur, se maintient pendant une durée inhabituelle. Le nombre de jours où la température a dépassé les 35 °C et les 40 °C est exceptionnel, tout comme l’étendue géographique concernée. La majeure partie du territoire métropolitain a été touchée en 2003.

La naissance de la Vigilance canicule

Suite aux canicules de l’été 2003, les pouvoirs publics ont souhaité que la Vigilance de Météo-France intègre le phénomène canicule, ce qui est effectif depuis 2004. La chaleur, y compris un pic de chaleur, a en effet un impact sanitaire sur les populations exposées. Un système de critères à l’échelle départementale a été défini avec les acteurs de la santé (Santé publique France notamment) en s’appuyant sur les impacts sanitaires constatés des fortes températures (maximales et minimales).  

Ces critères sont destinés à guider les prévisionnistes de Météo-France dans l’évaluation opérationnelle du niveau de Vigilance. Ils peuvent être modulés avec certains facteurs aggravants (durée, précocité de la vague de chaleur, pollution, humidité) ou atténuants (brièveté de l’épisode).

Prévenir les effets des canicules sur la santé

La santé des populations vulnérables peut être affectée dès les premiers pics de chaleur et la santé de la population dans son ensemble peut être touchée lors d’une canicule sévère. Plus la vague de chaleur est intense, plus la part de population éprouvant des difficultés à maintenir une thermorégulation efficace augmente. Les principales pathologies liées à la chaleur sont les maux de tête, les nausées, les crampes musculaires, la déshydratation. Le risque le plus grave est le coup de chaleur, qui peut entraîner le décès. En période de canicule, les températures nocturnes restent également élevées, ce qui empêche le corps de récupérer de la chaleur de la journée. 

La Vigilance météorologique de Météo-France informe sur les « vagues de chaleur » ayant un impact sanitaire sur la population du 1er juin au 15 septembre (cette période peut être avancée ou prolongée de quelques jours si la situation l’exige). La Vigilance intègre ce phénomène sous le terme de canicule depuis 2004 sur la France métropolitaine et utilise le terme générique de « vague de chaleur » dans les bulletins de suivi. La Vigilance météorologique permet d’identifier la survenue d’une vague de chaleur en métropole et d’avertir les autorités et la population. Elle rappelle également les conseils pour se protéger.

La situation serait-elle différente aujourd’hui ?

La prise de conscience des risques représentés par les vagues de chaleur a conduit à améliorer les outils de prévention et de gestion pour mieux adapter nos sociétés (lire ci-après la présentation de la gestion des vagues de chaleur aujourd’hui). 

À Météo-France, la prévision des vagues de chaleur s’est considérablement améliorée. Sur la base de leur analyse et de leur expertise des modèles numériques de prévision du temps, les équipes de Météo-France parviennent aujourd’hui à prévoir plusieurs jours à l’avance des configurations météorologiques propices aux canicules. Elles sont bien anticipées quelques jours à l’avance, jusqu’à 8 à 10 jours. Jour après jour, en consultant ces mêmes modèles météorologiques, les équipes affinent leurs prévisions et sont capables de déterminer plus précisément le niveau des températures qui sera atteint et les zones géographiques qui seront concernées. 

Une prévision en constante amélioration

Face à ces phénomènes météorologiques caractéristiques de la période estivale, l’amélioration de la prévision météorologique dans son ensemble est une priorité pour Météo-France. Une puissance de calcul optimale, des modèles plus performants, et des observations plus fines de l’atmosphère sont des ressources clés sur lesquelles l’expertise humaine des prévisionnistes de Météo-France s’exerce afin de fournir des prévisions toujours de meilleure qualité. Aujourd’hui, la prévision de température maximale pour la journée du surlendemain est aussi bonne que celle que l’on faisait il y a dix ans pour la journée du lendemain.
L’amélioration de la prévision et la mise en place de la Vigilance canicule permettent de gagner en anticipation et d’avertir les pouvoirs publics et les citoyens.

Quels sont les effets du changement climatique sur les canicules ?

Si l’épisode de l’été 2003 reste un événement d’une sévérité inégalée à ce jour, les vagues de chaleurs se multiplient et sont de plus en plus intenses au fil des années. 

Le recensement des vagues de chaleur depuis 1947 indique clairement que la fréquence et l’intensité de ces événements ont augmenté :

  • On recense 46 vagues de chaleur en France depuis 1947. 
  • La dernière vague de chaleur recensée officiellement a eu lieu en août 2022. 
  • Il y a eu 4 fois plus de vagues de chaleur ces 38 dernières années que les 38 précédentes.
  • L'occurrence de vague de chaleur en France, qui était en moyenne d'un été tous les 5 ans avant 1989, est devenue annuelle depuis l'an 2000.
  • 2019 puis 2022 ont ainsi été marqués par des niveaux de chaleur exceptionnels : lors de l’épisode de canicule de juin 2019, la température la plus élevée jamais mesurée en France métropolitaine a été relevée avec 46 °C à Verargues (34) ; le 25 juillet 2019 a été, la journée la plus chaude jamais connue en moyenne en France sur l’ensemble du territoire, juste devant celle du 05 août 2003.

La canicule de 2003 dans un contexte de changement climatique

Afin de décrire les liens entre un événement donné et le changement climatique, les études d’attribution évaluent dans quelle mesure l’influence humaine sur le climat a modifié la fréquence ou l’intensité d’un événement.

Pour réaliser ces calculs pour 2003, nous avons considéré l’extrême de l'événement au niveau national, c'est-à-dire une période de 11 jours correspondant à la période commune de la vague de chaleur sur l'ensemble des régions en France : 

  • L’influence humaine sur cet événement était déjà perceptible, le réchauffement induit par les activités humaines en 2003 ayant déjà multiplié cette probabilité par 200 par rapport à l’ère préindustrielle et ajouté environ 1,1 °C aux températures caniculaires.
  • Depuis 2003, le réchauffement d’origine anthropique a continué à s’intensifier, en France comme ailleurs sur la planète. Un épisode de 11 jours avec le même niveau de chaleur que celui observé en 2003 a désormais (en 2023) 0,8 % de chances de se produire, c’est-à-dire que sa probabilité a été multipliée par un facteur 10 environ. Si une canicule aussi rare venait à se reproduire en 2023, elle serait 1,1 °C plus chaude que celle de 2003.
  • À l’heure actuelle, les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent, et avec elles l’augmentation des températures. Dans une trajectoire d’émissions moyennes (stabilisation des émissions planétaires dans les décennies à venir, scénario SSP2-4.5), on estime que dans 20 ans (2043), un épisode aussi chaud a une probabilité 5 fois plus élevée de se produire qu’en 2023 (et donc 50 fois plus qu’en 2003), et un épisode aussi exceptionnel que celui de 2003 serait 2,2 °C plus chaud que celui de 2003.

La gestion des vagues de chaleur aujourd’hui

La gestion sanitaire des vagues de chaleur

Pour protéger les populations des impacts sanitaires liés aux vagues de chaleur, il importe d’une part de les sensibiliser aux bons gestes pour se protéger individuellement, et d’autre part, de mettre en place des mesures de protection collective.

Sensibiliser aux bons gestes

  • Santé publique France et le ministère chargé de la santé mettent à  disposition des supports de prévention (dépliants, brochures, affiches, infographies) en plusieurs langues ;
  • Météo France relaie également auprès du public des conseils de comportement adaptés dans le cadre du dispositif de Vigilance météorologique.

Protéger les populations avec des mesures collectives visant à réduire les expositions

Ces mesures sont définies dans la disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur qu’il appartient au préfet d’élaborer avec l’ensemble des acteurs territoriaux concernés.

> En savoir plus : la gestion sanitaire des vagues de chaleur (ministère de la Santé et de la Prévention)

Un plan national pour anticiper les autres impacts des vagues de chaleur

Les vagues de chaleur ont des impacts significatifs sur notre santé, mais également sur notre environnement (sécheresse, incendies de forêts…), notre agriculture, notre économie et notre vie sociale et culturelle. Pour prévenir et limiter ces impacts, l’État a mis en place en juin 2023 le premier plan d’anticipation des vagues de chaleur. Il s’appuie sur le dispositif de Vigilance de Météo-France. Ce plan complète le dispositif sur les risques sanitaires piloté par le ministère de la Santé et de la Prévention et Santé publique France, en l’élargissant aux impacts non directement sanitaires : transports, énergie, agriculture, éducation, sports…

> En savoir plus : Plan national de gestion des vagues de chaleur (ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et ministère de la Transition énergétique)